vendredi 28 décembre 2012

Le paradoxe de la clef HP

A l'Hôpital Psychiatrique, comme dans tous les Hôpitaux Psychiatriques, il y a une consigne incontournable : toujours fermer la porte à clef derrière soi. TOUJOURS.

Pour entrer dans une pièce, il faut sortir sa clef, ouvrir la porte, pénétrer dans la salle, se retourner et refermer cette même porte à double tours.

La même si vous passez trois pièces en enfilade. La même le matin, le midi, le soir.

Si vous allez chercher 5 gamins dans la matinée, et 5 l'après-midi dans leurs unités de soins avec deux portes à franchir à l'aller, deux au retour,  plus votre porte de classe à fermer et ré-ouvrir à chaque fois, comptons ensemble cela donne???  
Beaucoup trop de tours de clef. Bravo.

Autrement dit, si un matin vous vous rendez compte que vous êtes parti de chez vous sans clef, c'est l'assurance d'une journée méga foirée!

Sur l'Unité d'Enseignement, par contre, il y a une sorte "d'impasse" sur cette consigne. 
Impasse que je qualifierai de "vitale" en fait : On laisse les portes des classes ouvertes lorsque l'on est à l'intérieur.

Chaque classe dispose de trois portes : l'accès principal sur le devant et donnant dans le couloir, et deux autres sur les deux côtés, mitoyennes avec deux autres salles de classes, donnant la possibilité aux collègues d'intervenir en cas de situations "délicates" (pratique aussi pour les ragots furtifs).

Tout cela me rappelle une petite anecdote:

J'avais une nouvelle élève, la petiote Lou, 3 ans et demi, qui cherchait sans cesse à s'enfuir de ma classe...
Afin de pouvoir mettre en place certains ateliers et apprentissages, j'avais pris le parti de fermer toutes mes portes de classe une fois revenue de l'Unité avec Lou. 
Comme cela lui permettait de progresser, à chaque séance je renouvelai l'expérience. (Imaginez le nombre de fois où ma voisine fut frustrée de ne pouvoir me ragoter en direct sa dernière histoire...!)

Un matin, j'arrivai en voiture avec ma collègue, qui avait décidé de boire un coup le midi, et qui avait donc emporté une bonne bouteille de Pomerol. 
Etant de réunion toute la matinée et ne pouvant bien évidement pas se ramener avec une quille devant parents et médecins, elle me demande si je peux garder celle-ci dans ma classe et penser à la ramener le midi au réfectoire. J'accepte.

J'arrive, je pose la bouteille sur mon bureau. Normal.

Arrive l'heure de la séance de Lou. Une fois dans la classe, je ferme la porte à clef derrière moi. 15 minutes se passent, lorsque quelqu'un frappe à ma porte.

"Il y a quelqu'un? Marie?"
"Oui, 5 minutes j'arrive!"
 "Beh pourquoi tu t'enfermes?" 

Cherchage de clef, clic-clac, ouverture de la porte. 
Regard de la dirlo, DIRECT sur la bouteille de pinard.

"Ok ok je comprends mieux maintenant pourquoi tu t'enfermes...."

Et moi de rougir...Eh oui, c'est ça le paradoxe de la clef en HP...




mardi 18 décembre 2012

Ecole Oh Oui!

Les enfants atteints de troubles autistiques utilisent souvent l'écholalie pour s'exprimer... 
Il reprennent partiellement ou intégralement des phrases qu'ils viennent d'entendre ou qu'ils ont mémorisées et qu'ils répètent inlassablement....

jeudi 13 décembre 2012

Débuts de carrière...

Si vous avez été assidus tout au long de ce blog, vous devez avoir lu "Pourquoi l'HP?".
Et si c'est bien le cas, (tout d'abord, merci!), vous devez vous souvenir des raisons principales de mon choix pour le monde de l'enseignement spécialisé.

Je vous livre donc ici trois petites anecdotes (parmi d'autres) de mes deux années de remplacements avant l'aventure ASH&Hôpital...
Ya de quoi faire une bonne bédé là aussi tiens!


Discussion avec l'enseignant que je remplace le mardi, CE1, Marly le Roi:

- Marie, faudrait que tu avances en opérations, le programme de l'année est chargé!
- Oui, j'veux bien mais je pense que Sébastien et Ackim n'ont rien compris à la technique de l'addition en colonnes! 
- Ouais, ça viendra, laisse leur du temps et pis on les adressera au RASED (Réseau d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficultés) , ils leur trouveront bien un créneau! 

Ah oui, ce RASED même qui est en voie de disparition, et qui est overbooké de prises en charge...

Bah Sébastien et Ackim, vous n'êtes pas prêts de poser une addition mes pauvres...
Priorité à ceux qui avancent! Réussite réussite!
  
Accueil des élèves, CE1, Versailles.

8h30, vendredi matin.

Un père d'élève s'approche de mon rang :
"Mademoiselle, je passe juste vous informer que j'ai levé la punition que vous aviez donné sans raison à Jean-Eudes...
C'est un enfant, faites mieux votre travail si vous voulez qu'il vous respecte!".

Paye ta crédibilité, du haut de tes 23 ans...Ça y est, ta classe de 30 CE1 te respecte c'est sûr!

Séance de mathématiques, CM2, Versailles.

Blaise, au premier rang, se tient complètement avachi sur sa chaise.

"Blaise, tiens toi correctement s'il te plaît!"
Aucune réaction.
"Blaise, allez relève toi, tu es en classe là, pas dans ton lit!"
Un regard provocateur.
"Blaise, dépêche toi, ça suffit! Maintenant tu te tiens correctement!" 
Je passe derrière lui, et bim! Je le remets droit.

Et le jeune Blaise de me dire:
"Tu m'touches encore comme ça grosse conne et j'te balance à mon père. Il est avocat, il va te foutre un procès au cul tu verras!"

Mes deux premières années en tant que Professeur des Ecoles ZIL (Zone d'Intervention Limitée), ou remplaçante, dans les Yvelines, se résument principalement à ce genre d'anecdotes...

Arrêts maladie, déprime, lassitude, doutes et remises en question...
C'est vraiment pour ça que j'ai signé? C'est réellement ça que je veux faire de ma vie? 

Et puis, un appel à candidature pour remplacer les instits passant le CAPA-SH (Certificat d'Aptitudes Professionnelles pour les Aides Spécialisées), sur un poste de Clis "Troubles du comportement" (Classe pour l'Inclusion Scolaire).

Le monde du spécialisé...Une révélation!

lundi 3 décembre 2012

Vendredi 20 mai 2011 à 9h

Pour faire bref, le CAPA-SH, ou Certificat d'Aptitude Professionnelle pour les Aides spécialisées, les enseignements adaptés et la Scolarisation des élèves en situation de Handicap est un examen français, destiné à attester la qualification des enseignants du premier degré qui choisissent d'exercer leurs fonctions dans les écoles, établissements ou services accueillant des élèves nécessitant des besoins éducatifs particuliers. Ces derniers étant généralement liés à une situation de handicap, une maladie ou des difficultés scolaires grave.

Pour obtenir cette certif, j'ai donc eu une année de formation et de préparation qui a duré un an et qui me proposait un mi-temps terrain HP/Iufm (avec un retour avec la vie étudiante assez éprouvant!)

Cet examen se compose de plusieurs épreuves, certaines écrites, comme la rédaction d'un mémoire d'une soixantaine de pages, plusieurs dossiers d'une trentaine de pages chacun (Mouais rien que ça pour prouver ta motiv'!), et une épreuve sur le terrain de deux séances de 45 minutes chacune, devant élèves ET 4 jurys. Le tout suivi d'un entretien de deux heures. 
(Rien que deux petites heures interminables...)
Pour ces séances en classe, il nous est exigé d'avoir des groupes d'au moins 3 élèves.

Vous vous souvenez de la facilité avec laquelle on fabrique un emploi du temps en HP? (Si tu ne te souviens pas, va voir  là)
Eh bien pour faire des groupes c'est pareil. 
Résultat, c'est la plupart du temps de l'individuel.

Et lorsque la date de passation de la certif est annoncée (2 ou 3 semaines avant), vous n'avez bien évidemment aucun groupe déjà formé sur ce temps...
Il faut donc en créer d'urgence, en 3 semaines. 
C'est à dire bouleverser le quotidien de 4 élèves sur 3 vendredis matins, et les mettre par deux (oui on limite les dégâts, tant pis pour le groupe de 3) alors qu'il n'ont ni le même niveau, ni le même âge, ni les mêmes troubles. 
Oui car bien sûr sur ce coup là, on cherche seulement qu'ils aient les mêmes disponibilités!
Qu'on évite de se faire recaler uniquement sur notre "incapacité" (moi je dirai plutôt impossibilité pour mon cas) à faire des groupes.

Vous passez donc une année entière à imaginer et préparer ces deux séances de 45 minutes devant élèves, et pendant les 3 semaines précédant le jour J vous avez chronométré et préparé minute par minute ce que vous alliez dire et faire devant les 4 jurys.
Sauf que, la seule chose qu'on ne peut pas prévoir hélas, ce sont les élèves et leurs réactions face à ce qu'on leur propose...
Et forcément, RIEN ne se déroule comme vous l'aviez prévu...
On ne peut pas prévoir l'imprévisible, et j'ai envie de dire, surtout à l'HP...!

C'est donc arrivé le vendredi 20 mai 2011 à 9h pour moi.

Epique! J'ai pour ainsi dire, tout eu : la petite course poursuite dans la classe pour rattraper l'élève qui vient d'attraper le poisson dans l’aquarium, le "Ptite pute" bien joliment craché à mon visage au beau milieu d'un exercice de lecture, la légère crise d'angoisse doublée d'écholalie qui nécessite l'intervention des soignants, le "c'est quoi ça?" de l'élève qui montre du doigt le grain de beauté, certes proéminent, mais surtout situé juste à la commissure de l’œil gauche de Madame l'Inspectrice de Circonscription... 

"Merci Mademoiselle, vous pouvez sortir et préparer votre entretien."
Tu parles! J'ai qu'une envie c'est de pleurer, dormir, crier, vomir....

De retour à ma petite table solitaire  devant mes 4 juges, le NEANT. 
Je ne me souviens plus de rien....
J'ai eu la pénible sensation de bafouiller deux trois mots bidons...Et que ce moment à duré bien longtemps!
J'ai compris par la suite que j'avais du raconter quelques trucs intelligents tout de même...

Et bien évidement, après un entretien d'une heure sur l'heure et demie venant de s'écouler, la soutenance du mémoire et les délibérations du jury, ceux-ci s'en vont comme si de rien était, en vous annonçant que les résultats me seront communiqués courant juillet et vous souhaitant bonne continuation.  

MERCI pour l'attente.

Heureusement que ma prof d'IUFM m'a levé un pouce derrière son dos....

lundi 26 novembre 2012

Marie

 






Premiers coups de crayons de mon personnage...
J'ai bien évolué depuis!
Pour ceux qui me connaissent, quels visages ou expressions me correspondent le mieux?

lundi 19 novembre 2012

Une demi-heure avec Ruben

Ruben est un petit garçon autiste qui va sur ses 6 ans.

Pour expliquer de manière très succincte (oui car sinon il me faudrait gratter quelques pages...), l'autisme est un trouble du comportement humain, caractérisé par des troubles qualitatifs de la communication verbale et non-verbale, des altérations qualitatives des interactions sociales réciproques, et un comportement avec des activités et des centres d'intérêt restreints, stéréotypés et répétitifs.

Voici une petite liste des signes pouvant se manifester chez les enfants autistes, que j'ai pu remarquer en les côtoyant de près. 
Ils peuvent présenter simultanément ses signes ou n'en présenter que quelques uns, à des degrés différents. 
Ruben, pour sa part, les cumule quasi-tous...

Ruben émet des sons de manière incessante mais ne formule pas de phrases. 
Cela ressemble un peu à ça :  Vocalises , mais bien évidement, il faut mettre la vidéo en boucle pendant 30 min! pour que cela devienne réalité. 
Certains ne parlent pas du tout ou, écholaliques, répètent les mots tel un perroquet. 
Je peux vous assurer qu'au bout d'un certain temps, on en vient nous aussi à répéter les mots, c'est contagieux!
D'autres encore ne semblent ne pas entendre car leur regard ne fixe pas.
 
Le petit Ruben paraît indifférent aux autres, ne joue pas avec ses pairs et d'ailleurs, pour lui, ni jeux créatifs, ni jeux d'imagination. 
Il s'adonne plutôt à des jeux obsessifs (tirer sur une ficelle, taper sur un cube) ou détourne les objets de leur véritable utilité (va utiliser le téléphone pour taper sur un autre objet).
Encore une fois, merci les oreilles!
 
Il ne craint pas les vrais dangers (a peur des matières visqueuses mais pas des voitures sur le trajet) et semble insensible a la douleur, mis à part les caresses sur la peau, qui semblent au contraire, le brûler! 
Impossible donc d'espérer pouvoir sortir sa pâte gluante Gak...

Il fait des crises de larmes, se désempare sans que je puisse savoir pourquoi et a des comportements bizarres (se mord les mains de manière compulsive, bat des bras comme s'il voulait s'envoler, sautille ou marche sur la pointe des pieds, renifle les gens...).
Ça mes amis, c'est vraiment désemparant...Je parle des crises de larmes et des morsures compulsives, pas du fait de se faire renifler hein! (même si la première fois ça fait tout drôle!)

 Il indique ses besoins en utilisant la main de l'autre et il présente une hyperactivité extrême (d'autres à l'inverse, peuvent être d'une passivité extrême!)

Ruben résiste aux changements de ses habitudes, impossible de lui faire changer de trajet entre l'unité et l'école! Passage obligatoire entre les deux mêmes arbres, la même flaque d'eau contournée...

BREF, sa vision du monde qui l'entoure n'est pas la même que la mienne...

Il faut donc trouver le moyen de le faire entrer dans les apprentissages, en s'adaptant à ses besoins.

Une demi-heure de classe avec Ruben, c'est donc un temps ritualisé de A à Z, avec des activités très simples, présentées la plupart du temps par des images plastifiées.

Ces activités passent  par la manipulation de petits objets ou par le corps, avant de tenter le passage à la trace écrite. Cela peut prendre des mois... 

Et une fois la compétence semblant acquise, une régression n'est pas à exclure...
Gare à la frustration enseignante...!






jeudi 15 novembre 2012

Instants autistiques...


Voici quelques signes stéréotypés pouvant se manifester chez l' enfant autiste, que j'ai pu remarquer en les côtoyant de près. 
Un même élève peut tous les cumuler, ou n'en présenter que quelques uns, à des degrés différents....
 

lundi 12 novembre 2012

Une heure avec Jason

Comme tous les jours, j'entends Jason arriver dans le couloir, car il manie la porte avec une tendresse non dissimulée...
Toc toc!
Oui? Entre Jason!
Maîtresse j'ai classe? Oh nan j'en ai marre j'ai tout le temps classe!
Il referme la porte et retourne dans la cour.

Et comme tous les matins, je pars chercher Jason dans la cour, tantôt avec un sourire narquois, tantôt perturbé par la météo, une de ses nombreuses obsessions.

Souvent, je le retrouve le visage et les bras couverts de griffures et morsures...
Il s'auto-mutile lorsqu'il se sent persécuté ou quand il voit des petites bêtes sur son corps.
Jason a été diagnostiqué schizophrène, il a 12 ans.

Nous rentrons en classe, et les questions/phrases redondantes sur les sujets qui l'obsèdent,  débutent...:
Il faut imaginer que chacune d'elle est répétée une dizaine de fois par heure. 
La patience est donc, de rigueur.

Le temps: Maîtresse, il reste combien de temps? Et maintenant? Là c'est bientôt l'heure, j'ai vu l'aiguille bouger là!
Forcément, on finit par retirer l'horloge du mur avant son arrivée, ça fait une question en moins...

La météo: Maîtresse, il fait pas beau dehors hein? Va y avoir de l'orage hein?
J'te jure il va y avoir de l'orage et ça va me faire mal. 
J'ai écouté la météo c'matin va y avoir de l'orage, maîtresse! 
Faut que je parte avant l'arrivée de la neige.

L'ordinateur: J'peux allumer l'ordinateur? Je peux? Pourquoi j'peux pas? J'peux allumer l'ordinateur? 
Il finit par appuyer sur marche quand j'ai le dos tourné la plupart du temps...

Les tubes de colle: Maîtresse, ça se mange pas la colle hein? 
Souvent cette question est suivie d'un engloutissement total de deux tubes UHU et d'un mâchouillage difficile...Et l'angoisse de tomber malade à cause de la colle...

Ah oui! Pendant deux mois j'ai eu le droit à cette phrase récurrente aussi...
Maîtresse, t'inquiète pas j'vais pas te mordre aujourd'hui, c'est promis....
Enfin j'crois que j'vais pas te mordre, j'suis pas en colère là.

Mama mia! Ne pas énerver Jason ce matin sinon tu feras office de ptit dèj encore une fois!

Bon, bien évidement, ce ne sont pas les seules obsessions de Jason, à celles-ci s'ajoutent la lettre "A" car elle débute le mot "araignée" qui fait peur à Jason, les clefs et trousseaux de clefs (que je dois penser à dissimuler avant son arrivée sinon je peux oublier de repartir en voiture après l'école), l'eau et le poste audio.

A la fin de l'année, nous arrivions à travailler 30 minutes effectives (contre 10 au début!), le temps de rassurer Jason.

jeudi 8 novembre 2012

Quelques mots d'amour...

A l'Hôpital Psychiatrique, certains parents ne jurent que par l'école car elle les raccroche à la "normalité" pour leurs enfants.
D'autres, dans le déni face à la maladie, ont du mal à l'accepter, car elle est souvent révélatrice des difficultés générées par leurs troubles...

 









mardi 6 novembre 2012

Emploi du temps

A la rentrée, à l'HP comme dans toute autre école, nous faisons la répartition des élèves dans nos classes.  
Nous avons décidé de les regrouper par tranches d'âges (Petits, 6-8 ans, 8-10 ans etc...). 
Et là déjà ça commence, où caser le petit Jérémy, 14 ans qui a un niveau de Petite Section de maternelle?
 
Chaque prof peut accueillir jusqu'à 12 élèves maximum, mais rarement en même temps au préalable, vous l'aurez deviné...Oui, c'est rare qu'on teste le duo dépressif-hyperactif direct !

En Unité d'Enseignement,  pour mettre en place l'emploi du temps de sa classe, il faut prendre en considération:

1: Les temps de présence des enfants sur l'Hôpital (en séquentiel ou à Temps Plein)
2: Leur modalité d'hospitalisation, à savoir s'ils sont en internat ou en externat (l'horaire de prise en charge qui change, 16h max pour externat, 17h au plus tard pour internat)
3: Leurs créneaux de soins (Orthophonie, psychomotricité, thérapie(s), ateliers thérapeutiques, rdv médecins et infirmerie, assistante sociale...) qui priment sur l'école
4: Leurs pathologies (à savoir l'heure de prise du médoc, si l'enfant est capable d'accepter la présence de l'Autre, le besoin de régularité pour les autistes...)
5: Leurs besoins au niveau scolaire (quelle discipline travailler en priorité, les compétences à privilégier et s'ils ont besoin d'être en groupe ou non)
6: Leurs temps scolaires à l'extérieur (souvent à mi-temps à l'école "lambda")  
7: Leur capacité à devenir ou être un élève (si déjà inscrit à l'école auparavant ou non)

ET! Nos horaires de profs bien évidement, 24 heures devant élèves à caser sur le lundi, mardi, mercredi matin, jeudi et vendredi matin.
Ce qui je l'avoue, m'a toujours semblé incohérent car il n'y a presque pas d'enfants sur les Unités de soins le lundi matin, et ils sont tous présents le vendredi aprem...Bref.

Pfiou!

A cela s'ajoutent les heures d'EPS, qui normalement si on respecte les programmes, doivent être au nombre de 3. 
Mission impossible. 
Surtout que l'EPS en individuel c'est pas trop ça...
Et que du coup si on veut au moins deux enfants dans un même temps (bah oui pour un ptit one to one ping pong!), il faut bien évidemment prendre en considération tous les critères cités ci-dessus...

Tu piges?

En gros, même dans les instits il y a des disparités...Il y a celle qui n'a aucun élève le lundi matin (car les Petits ne sont pas présents sur les Unités), et celle qui galère à trouver un créneau supplémentaire pour un nouvel arrivant...
Et le prof d'Eps qui tente désespérément de remplir ses heures en s'inventant musicien ou prof de maths...
 
Donc le plus gros travail de la rentrée, c'est de mettre en place un emploi du temps pour 12 élèves, qui tienne la route, qui réponde à leurs besoins, qui réponde à nos obligations Education Nationale, et qui ne nous mette pas sur les rotules!


mercredi 31 octobre 2012

Alone...



A l'HP, c'est l'enseignant qui doit s'adapter aux contraintes des élèves-patients, et non l'inverse...
Ce qui peut parfois donner des journées éreintantes comme celle-ci!



mardi 30 octobre 2012

Pourquoi l'HP?

Ma première année d'instit dans le milieu ordinaire peut se résumer à ça:
4 quarts-temps, 6 niveaux, 3 villes : plus d'une centaine d'élèves. Environ 200 parents d'élèves.

Du haut de ma mini-expérience, hyper dur de s'investir, de se frayer un chemin et de rester crédible en tant que quart-prof! 
Pour élèves et parents, je n'étais que la maîtresse du lundi, la maîtresse du mardi (vous devinez la suite...), la remplaçante, la ptite jeune qui débute, celle qui ne sait pas gérer sa classe, celle que l'on ne respecte pas.

Au milieu de toutes ces têtes blondes aux "papas" astrophysiciens où les élèves en difficulté étaient laissés pour compte, moi j'étais la maîtresse à qui l'on pouvait rétorquer avec dédain que Pluton venait de se faire éjecter du système solaire...
A vrai dire, j'avais plutôt envie de le fuir, ce système scolaire...

Du coup, lorsqu'à la fin de l'année je tombe sur un appel à candidature pour un poste spécialisé dans les troubles du comportement, je saute sur l'occase.
Je voulais par ce choix me rapprocher des minorités laissées trop souvent à part et me sentir utile pour ce à quoi je venais de signer!

J'étais loin d'imaginer que la voie que j'empruntais serait celle qui me conviendrait par la suite...
Trois ans plus tard, je postulais pour l'Hôpital...J'étais vraiment emballée par ce projet!  
(Avec du recul je pense à un réel besoin d'adrénaline, vu que le grand 8 c'est pas mon truc!)

Passer du 1 pour 30  au 1 pour 1 a radicalement changé ma manière d'enseigner et ma vision de la pédagogie. Vivre au quotidien d'enfants malades psychiquement m'a énormément appris sur le rapport à l'Autre...Mais pas que!

J'ai aussi appris le self-défense (et le self-contrôle!),  je suis devenue une vraie pro du plaquage au sol, imbattable au 100m et en course d'orientation, incollable sur les médocs en -leptique, -done et -dal, je maîtrise aujourd'hui l'art du bluff comme personne et je sais mieux que quiconque ouvrir et fermer une porte à clef...

Une expérience de deux ans qui fut pour moi une source de richesses incommensurable et inoubliable, même si ponctuée quasi-quotidiennement d'évènements difficiles physiquement et moralement...






mardi 23 octobre 2012

C'est nous!

Bonjour à tous!

Une chtite présentation du projet semble maintenant toute indiquée pour que vous compreniez mieux le pourquoi du comment et que du coup, vos remarques soient plus ciblées...

On commence par  les deux associés,  pour la forme

Moi, c'est Marie, l'auteure

Professeur des écoles, j'ai choisi d'enseigner auprès d'enfants à besoins éducatifs particuliers et me suis donc spécialisée dans les "Troubles cognitifs et psychiques". J'ai bossé deux ans en Hôpital Psychiatrique. En HP, pour les initiés...
Par ailleurs, à mes heures perdues, je suis bédéphile. Oui oui, j' aime les bédés et j'espère depuis toujours écrire la mienne...


                                                                                                                  Lui, c'est JB Drouot, l'illustrateur


 Illustrateur et graphiste en freelance, ce grand barbu multiplie les créations de sites internet, d'affiches publicitaires et d'illustrations en tout genre...
Il avait déjà illustré quelques albums jeunesse, mais l'univers de la bédé n'avait encore jamais frappé à sa porte...


Comment sommes nous devenus associés?

Pendant deux ans, j'ai recensé mes doutes, mes moments de solitudes (ça yen a eu moultes!), de bonheur, mes fous rires et tout ce qui fait le quotidien d'un enseignement au sein d'un hôpital si particulier, auprès d'élèves atteints de troubles psychiques si lourds....
Et j'me suis dit qu'il serait bien de partager ces moments avec vous tous! 
Parmi les propositions répondant à mon appel "Recherche illustrateur" sur le net, c'est avec JB que j'ai choisi de m'associer.
On est donc devenu nous et on s'est mis au boulot!

Deux ans d'HP, le blog 

Deux ans d'HP, c'est donc un blog qui présente des tranches de vie de mon quotidien à l'école de l'Hôpital Psychiatrique où j'ai bossé pendant deux ans. On y rencontre élèves-patients (oui ce sont bien les enfants qui sont malades, pas les adultes...Même si parfois j'ai eu quelques doutes!), psys, médecins, enseignants spécialisés et non spécialisés, éducateurs...
Ce blog présente par la même occaz notre travail en cours, qui s'affinera grâce à vos précieux conseils et avis, et vous propose d'ores et déjà quelques planches d'une Bande Dessinée qui je l'espère, verra bientôt le jour...




vendredi 19 octobre 2012

La morsure

A l'école, auprès d'élèves atteints de troubles psychiques, nous n'sommes jamais à l'abri d'un souvenir indélébile...

On s'lance!

    Salut à tous!

Tadaaaa! On vous présente notre tout nouveau blog : deux ans d'HP.

 
 Ça fait quelques temps déjà que JB et moi avons associé nos idées et nos coups de crayons afin de mettre en book mon expérience passée à l'Hosto.
Et là c'matin, on a eu envie de publier quelques strips!

 
 Notre collaboration est simple. En gros, moi j'amène mes idées et mes mots, et JB fait en sorte de tout faire tenir dans des cases de bédé, avec des illus sympas.

On tâtonne, on crée, on expérimente, on s'amuse...

On serait d'ailleurs assez curieux d'avoir vos avis...
Quelques suggestions, des conseils?

On est tout ouïe et tout happy de pouvoir partager not' petit délire avec vous!

Au plaisir !

Marie et JB