vendredi 28 décembre 2012

Le paradoxe de la clef HP

A l'Hôpital Psychiatrique, comme dans tous les Hôpitaux Psychiatriques, il y a une consigne incontournable : toujours fermer la porte à clef derrière soi. TOUJOURS.

Pour entrer dans une pièce, il faut sortir sa clef, ouvrir la porte, pénétrer dans la salle, se retourner et refermer cette même porte à double tours.

La même si vous passez trois pièces en enfilade. La même le matin, le midi, le soir.

Si vous allez chercher 5 gamins dans la matinée, et 5 l'après-midi dans leurs unités de soins avec deux portes à franchir à l'aller, deux au retour,  plus votre porte de classe à fermer et ré-ouvrir à chaque fois, comptons ensemble cela donne???  
Beaucoup trop de tours de clef. Bravo.

Autrement dit, si un matin vous vous rendez compte que vous êtes parti de chez vous sans clef, c'est l'assurance d'une journée méga foirée!

Sur l'Unité d'Enseignement, par contre, il y a une sorte "d'impasse" sur cette consigne. 
Impasse que je qualifierai de "vitale" en fait : On laisse les portes des classes ouvertes lorsque l'on est à l'intérieur.

Chaque classe dispose de trois portes : l'accès principal sur le devant et donnant dans le couloir, et deux autres sur les deux côtés, mitoyennes avec deux autres salles de classes, donnant la possibilité aux collègues d'intervenir en cas de situations "délicates" (pratique aussi pour les ragots furtifs).

Tout cela me rappelle une petite anecdote:

J'avais une nouvelle élève, la petiote Lou, 3 ans et demi, qui cherchait sans cesse à s'enfuir de ma classe...
Afin de pouvoir mettre en place certains ateliers et apprentissages, j'avais pris le parti de fermer toutes mes portes de classe une fois revenue de l'Unité avec Lou. 
Comme cela lui permettait de progresser, à chaque séance je renouvelai l'expérience. (Imaginez le nombre de fois où ma voisine fut frustrée de ne pouvoir me ragoter en direct sa dernière histoire...!)

Un matin, j'arrivai en voiture avec ma collègue, qui avait décidé de boire un coup le midi, et qui avait donc emporté une bonne bouteille de Pomerol. 
Etant de réunion toute la matinée et ne pouvant bien évidement pas se ramener avec une quille devant parents et médecins, elle me demande si je peux garder celle-ci dans ma classe et penser à la ramener le midi au réfectoire. J'accepte.

J'arrive, je pose la bouteille sur mon bureau. Normal.

Arrive l'heure de la séance de Lou. Une fois dans la classe, je ferme la porte à clef derrière moi. 15 minutes se passent, lorsque quelqu'un frappe à ma porte.

"Il y a quelqu'un? Marie?"
"Oui, 5 minutes j'arrive!"
 "Beh pourquoi tu t'enfermes?" 

Cherchage de clef, clic-clac, ouverture de la porte. 
Regard de la dirlo, DIRECT sur la bouteille de pinard.

"Ok ok je comprends mieux maintenant pourquoi tu t'enfermes...."

Et moi de rougir...Eh oui, c'est ça le paradoxe de la clef en HP...




mardi 18 décembre 2012

Ecole Oh Oui!

Les enfants atteints de troubles autistiques utilisent souvent l'écholalie pour s'exprimer... 
Il reprennent partiellement ou intégralement des phrases qu'ils viennent d'entendre ou qu'ils ont mémorisées et qu'ils répètent inlassablement....

jeudi 13 décembre 2012

Débuts de carrière...

Si vous avez été assidus tout au long de ce blog, vous devez avoir lu "Pourquoi l'HP?".
Et si c'est bien le cas, (tout d'abord, merci!), vous devez vous souvenir des raisons principales de mon choix pour le monde de l'enseignement spécialisé.

Je vous livre donc ici trois petites anecdotes (parmi d'autres) de mes deux années de remplacements avant l'aventure ASH&Hôpital...
Ya de quoi faire une bonne bédé là aussi tiens!


Discussion avec l'enseignant que je remplace le mardi, CE1, Marly le Roi:

- Marie, faudrait que tu avances en opérations, le programme de l'année est chargé!
- Oui, j'veux bien mais je pense que Sébastien et Ackim n'ont rien compris à la technique de l'addition en colonnes! 
- Ouais, ça viendra, laisse leur du temps et pis on les adressera au RASED (Réseau d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficultés) , ils leur trouveront bien un créneau! 

Ah oui, ce RASED même qui est en voie de disparition, et qui est overbooké de prises en charge...

Bah Sébastien et Ackim, vous n'êtes pas prêts de poser une addition mes pauvres...
Priorité à ceux qui avancent! Réussite réussite!
  
Accueil des élèves, CE1, Versailles.

8h30, vendredi matin.

Un père d'élève s'approche de mon rang :
"Mademoiselle, je passe juste vous informer que j'ai levé la punition que vous aviez donné sans raison à Jean-Eudes...
C'est un enfant, faites mieux votre travail si vous voulez qu'il vous respecte!".

Paye ta crédibilité, du haut de tes 23 ans...Ça y est, ta classe de 30 CE1 te respecte c'est sûr!

Séance de mathématiques, CM2, Versailles.

Blaise, au premier rang, se tient complètement avachi sur sa chaise.

"Blaise, tiens toi correctement s'il te plaît!"
Aucune réaction.
"Blaise, allez relève toi, tu es en classe là, pas dans ton lit!"
Un regard provocateur.
"Blaise, dépêche toi, ça suffit! Maintenant tu te tiens correctement!" 
Je passe derrière lui, et bim! Je le remets droit.

Et le jeune Blaise de me dire:
"Tu m'touches encore comme ça grosse conne et j'te balance à mon père. Il est avocat, il va te foutre un procès au cul tu verras!"

Mes deux premières années en tant que Professeur des Ecoles ZIL (Zone d'Intervention Limitée), ou remplaçante, dans les Yvelines, se résument principalement à ce genre d'anecdotes...

Arrêts maladie, déprime, lassitude, doutes et remises en question...
C'est vraiment pour ça que j'ai signé? C'est réellement ça que je veux faire de ma vie? 

Et puis, un appel à candidature pour remplacer les instits passant le CAPA-SH (Certificat d'Aptitudes Professionnelles pour les Aides Spécialisées), sur un poste de Clis "Troubles du comportement" (Classe pour l'Inclusion Scolaire).

Le monde du spécialisé...Une révélation!

lundi 3 décembre 2012

Vendredi 20 mai 2011 à 9h

Pour faire bref, le CAPA-SH, ou Certificat d'Aptitude Professionnelle pour les Aides spécialisées, les enseignements adaptés et la Scolarisation des élèves en situation de Handicap est un examen français, destiné à attester la qualification des enseignants du premier degré qui choisissent d'exercer leurs fonctions dans les écoles, établissements ou services accueillant des élèves nécessitant des besoins éducatifs particuliers. Ces derniers étant généralement liés à une situation de handicap, une maladie ou des difficultés scolaires grave.

Pour obtenir cette certif, j'ai donc eu une année de formation et de préparation qui a duré un an et qui me proposait un mi-temps terrain HP/Iufm (avec un retour avec la vie étudiante assez éprouvant!)

Cet examen se compose de plusieurs épreuves, certaines écrites, comme la rédaction d'un mémoire d'une soixantaine de pages, plusieurs dossiers d'une trentaine de pages chacun (Mouais rien que ça pour prouver ta motiv'!), et une épreuve sur le terrain de deux séances de 45 minutes chacune, devant élèves ET 4 jurys. Le tout suivi d'un entretien de deux heures. 
(Rien que deux petites heures interminables...)
Pour ces séances en classe, il nous est exigé d'avoir des groupes d'au moins 3 élèves.

Vous vous souvenez de la facilité avec laquelle on fabrique un emploi du temps en HP? (Si tu ne te souviens pas, va voir  là)
Eh bien pour faire des groupes c'est pareil. 
Résultat, c'est la plupart du temps de l'individuel.

Et lorsque la date de passation de la certif est annoncée (2 ou 3 semaines avant), vous n'avez bien évidemment aucun groupe déjà formé sur ce temps...
Il faut donc en créer d'urgence, en 3 semaines. 
C'est à dire bouleverser le quotidien de 4 élèves sur 3 vendredis matins, et les mettre par deux (oui on limite les dégâts, tant pis pour le groupe de 3) alors qu'il n'ont ni le même niveau, ni le même âge, ni les mêmes troubles. 
Oui car bien sûr sur ce coup là, on cherche seulement qu'ils aient les mêmes disponibilités!
Qu'on évite de se faire recaler uniquement sur notre "incapacité" (moi je dirai plutôt impossibilité pour mon cas) à faire des groupes.

Vous passez donc une année entière à imaginer et préparer ces deux séances de 45 minutes devant élèves, et pendant les 3 semaines précédant le jour J vous avez chronométré et préparé minute par minute ce que vous alliez dire et faire devant les 4 jurys.
Sauf que, la seule chose qu'on ne peut pas prévoir hélas, ce sont les élèves et leurs réactions face à ce qu'on leur propose...
Et forcément, RIEN ne se déroule comme vous l'aviez prévu...
On ne peut pas prévoir l'imprévisible, et j'ai envie de dire, surtout à l'HP...!

C'est donc arrivé le vendredi 20 mai 2011 à 9h pour moi.

Epique! J'ai pour ainsi dire, tout eu : la petite course poursuite dans la classe pour rattraper l'élève qui vient d'attraper le poisson dans l’aquarium, le "Ptite pute" bien joliment craché à mon visage au beau milieu d'un exercice de lecture, la légère crise d'angoisse doublée d'écholalie qui nécessite l'intervention des soignants, le "c'est quoi ça?" de l'élève qui montre du doigt le grain de beauté, certes proéminent, mais surtout situé juste à la commissure de l’œil gauche de Madame l'Inspectrice de Circonscription... 

"Merci Mademoiselle, vous pouvez sortir et préparer votre entretien."
Tu parles! J'ai qu'une envie c'est de pleurer, dormir, crier, vomir....

De retour à ma petite table solitaire  devant mes 4 juges, le NEANT. 
Je ne me souviens plus de rien....
J'ai eu la pénible sensation de bafouiller deux trois mots bidons...Et que ce moment à duré bien longtemps!
J'ai compris par la suite que j'avais du raconter quelques trucs intelligents tout de même...

Et bien évidement, après un entretien d'une heure sur l'heure et demie venant de s'écouler, la soutenance du mémoire et les délibérations du jury, ceux-ci s'en vont comme si de rien était, en vous annonçant que les résultats me seront communiqués courant juillet et vous souhaitant bonne continuation.  

MERCI pour l'attente.

Heureusement que ma prof d'IUFM m'a levé un pouce derrière son dos....